[ENTREPRENEURIAT] Il fait du 'bred mouroum' son business
[ENTREPRENEURIAT] Il fait du 'bred mouroum' son business
Depuis bientôt huit ans, cet ingénieur passionné de produits bio est tombé par le pur des hasards dans une tasse d’infusion à base de Moringa à Londres et, requinqué comme tout, il a fait du Brède Mouroum son business. Aujourd’hui, sa petite entreprise, Kanhye Moringa, récolte les lauriers de la reconnaissance à l’international. Voici comment le Brède Mouroum et ses « bâtons » ont fait de Vinay Kanhye un entrepreneur à succès dans l’industrie cosmeceutique et nutraceutique.
Il n’était pas prédestiné à être entrepreneur. Salarié et ingénieur de formation, il fait aujourd’hui partie de ces hommes de l’île Maurice post indépendance qui, sans tambours ni trompettes, ont marqué l’histoire en réussissant là où personne ne s’y attendait. Également, là où personne n’y croyait. Sa réussite, il la doit, d’abord à sa passion pour les plantes et leur propriétés naturelles, puis à sa foi d’entreprendre, et en dernier lieu à son sens de créativité et d’innovation.
En deux ans, il avait déjà créé une entreprise bien rôdée avec des produits transformés et prêts à être commercialisés dans les grandes surfaces comme dans les rayons spécialisés, à Maurice comme à l’étranger. Et depuis, malgré la Covid-19 qui a joué les trouble-fête, son entreprise décroche des Awards locaux et continentaux, dont la SME Innovation Award et celui de la COMESA, sans compter les invitations internationales, notamment de l’International Convention on Quality Control Circle, ou de l’Agence allemande de coopération internationale, qui a permis à V Kanhye Morina de se joindre au gratin mondial des entreprises les plus innovantes dans une foire à Berlin cette année.
Après huit années d’existence, Vinay Kanhye, avec l’humilité qui est le sien, nous confie qu’il se rappelle dans les moindres détails comment le Brède Mouroum a diamétralement changé sa vie. Le paradoxe de l’histoire, c’est qu’il a découvert un produit du nom de Moringa à Londres lors vacances en famille, et en a expérimenté les effets et bienfaits, avant de comprendre, au terme de ses recherches une fois rentré à Maurice, que c’était en fait que du « Brede Mouroum ». Comme le chante Marclaine Antoine, en « bouillon» ou « touffé » dans nos assiettes, c’était en fait ce fameux « brede » qui a fait le bonheur des « malere » comme les plus fortunés selon les traditions et habitudes culinaires qui datent de plus de deux siècles.
Il se rappelle donc, de façon très anecdotique, comment les gens ont ri dans sa « figure » comme dans sa « barbe » lorsqu’il leur demandait s’ils étaient intéressés à lui en vendre. « C’est anecdotique et comique à la fois quand je raconte cette histoire aujourd’hui. Certaines personnes croyaient que je plaisantais quand je leur demandais de me vendre du brède mouroum. ‘Zot riy dan mo figir ek dir mwa si mo pe badine’ », raconte-t-il. A l’époque, soit en 2015 lorsque la fièvre du Moringa avait atteint son apogée dans sa tête, il savait déjà où chaque pas le mènerait. « Dans mes recherches, en sus de ce que les nombreux rapports d’étude basés sur des années de recherches disaient, je suis tombé sur un document de recherche du Mauritius Research Council sur le Brede Mouroum », fait-il ressortir.
A partir de là, c’est le déclic. Le contenu du document du MRC allié la masse d’informations collectées pendant des mois s’emboîtent comme les pièces d’un puzzle et donnent naissance à V Kanhye Moringa. « Pour démarrer le projet, nous avions déjà deux arpents de terres qui appartiennent à la famille que nous avons convertis en plantation de Brède Mouroum et à l’étage de ma maison on a fait une usine de transformation », raconte-t-il.
Aujourd’hui, V Kanhye Moringa a étendu ses ailes sur huit arpents de plantations de Brède Mouroum, et ceux qui ont adhéré au projet cultivent du Moringa sur six arpents additionnels. « Ma fierté aujourd’hui c’est d’avoir pu donner au projet la dimension communautaire que nous espérions dès le départ, c’est-à-dire créer de l’emploi direct dans la région, et aussi des opportunités, mêmes indirectes, pour les petits opérateurs et entrepreneurs de la région de Goodlands », fait-il comprendre.
Le secret de V Kanhye Moringa, c’est d’avoir développé de la résilience et des capacités de s’adapter aux soubresauts économiques. «La Covid-19, comme pour tout le monde, a remis en cause notre business model initial. Nous avons dû nous réinventer, revoir nos services et proposer des produits qui se déclinent sous différentes formes avec de la valeur ajoutée. Notre plus grande fierté, c’est d’avoir réussi notre mission de créer un produit de qualité pour la santé », confie-t-il.