[METRO TALK] Christophe St Lambert ou Monsieur Génialissime
Christophe St-Lambert est l’un de ces fils du sol bourrés de talents dont l’histoire se résume à un volcan continuellement en éruption… Où jaillissent des idées les unes plus créatives que les autres ! On ne sait plus si l’on doit l’appeler humouriste, acteur ou comédien, car depuis ces dernières années on le voit un peu partout, tantôt sur le web, tantôt à la télé et demain, sur les planches. La seule certitude : il a le rire dans la peau et de l’humour dans le ventre. Ce qui le rend tout simplement genialissime !
Au Jour-J (mardi 16 mai) de la première représentation pour le grand public de la pièce de théâtre « L’Inavouable » au Caudan Arts Centre, quel est votre état d’esprit à quelques heures de monter sur les planches ?
Serein ! Serein et surtout excité de partager ce joli moment avec 450 personnes qui seront en face de moi ce soir. Définitivement, depuis ce matin, je suis calme et confiant. Pourquoi cela ? Parce que je sais qu’un travail approfondi et accompli a été réalisé en amont.
Quel est votre plus beau moment de la pièce ?
Après deux représentations privées la semaine dernière, je dirai que le plus beau moment est lorsque j’entends le premier rire du public, qui m’indique immédiatement le ton qui suivra. La semaine dernière, je dois dire que nous avions accueilli un public génialissime. C’était une audience que tout comédien pourrait rêver de rencontrer. Le public parfait quoi ! Les gens comprenaient toutes les subtilités de la pièce, tous les « side jokes », les grosses et les petites vannes. Ils faisaient partie de la pièce. Les comédiens et les membres du public étaient en parfaite communion. Il est vrai que nous ne nous retrouvons pas toujours en face du même public. Parfois, l’audience est timide ou extrovertie. A d’autres moments, elle peut être participative et réceptive. C’est une énigme que j’essaie de déchiffrer à chaque représentation.
Ça vous est déjà arrivé de lancer une vanne et qu’il n’y ait aucune réaction du public ?
Ah oui… (rires) Oui oui oui. Plein de fois ! Ce qui peut avoir du sens pour moi et qui semble fonctionner parfaitement bien sur papier, n’est pas forcément accueilli de la même manière par le public. Ça peut être carrément un « Big No » pour eux. Du coup, il n’y a pas un rire qui se fait entendre dans la salle. Généralement, cela se produit plus les sketchs et moins sur les planches. On est confiant que la vidéo que l’on poste sera appréciée et fera rire les gens. Au final, on réalise que le succès n’est pas au rendez-vous de par le nombre de « like » ou de commentaires qu’elle reçoit.
Parmi vos réalisations, qu’elle est celle qui a le moins fonctionné ou n’a pas du tout accroché le public ?
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’une prestation n’a pas fonctionné ou que j’aurai pu mieux faire. Mais plutôt « it was not the right time ! ». C’est un sujet d’actualité que j’avais choisi d’évoquer dans un sketch, mais qui n’interpellait nullement le public.
Qu’avez-vous déjà dit ou fait sur scène qui vous a choqué ?
En plein show, j’ai remercié ma grand-mère de m’avoir soutenu et encouragé à faire de la comédie. J’étais ému et je l’ai donc salué dans la salle. Puis j’ai demandé au public de se retourner pour faire de même. Puis j’ai annoncé à l’assistance que si elle ne la voyait pas c’est parce qu’elle n’y était pas puisqu’elle est morte depuis un moment. J’étais fou de rire après (éclats de rires).
Il y a 15 ans de cela, auriez-vous imaginé une seconde que vous feriez de l’humour votre métier ?
Non pas du tout ! Sincèrement, je n’aurai jamais imaginé que faire de l’humour aurait été mon gagne-pain aujourd’hui. Il est vrai que je suis acteur de formation et que 15 ans de cela, j’exerçais déjà. Mais jamais, au grand jamais je ne me voyais faire des sketchs et faire rire des gens en balançant des blagues. Et qui plus est, être payé pour le faire (rires).
Adolescent, j’avais des rêves plein la tête. Je me disais que je serai acteur et non comédien. Je voulais être un acteur complet pouvant jongler avec des rôles et des genres divers, jouer dans les comédies aussi bien que dans les drames et les thrillers.
Adolescent, j’avais des rêves plein la tête. Je me disais que je serai acteur et non comédien. Je voulais être un acteur complet pouvant jongler avec des rôles et des genres divers, jouer dans les comédies aussi bien que dans les drames et les thrillers.
Décrivez-nous Christophe à l’adolescence…
Enfant, j’étais très emmerdant, chiant, pleurnichard, paresseux… Et extrêmement susceptible. Ça n’a pas changé ! (rires) Je dramatisais toutes les situations et recherchais toujours l’attention des autres. J’étais un vrai fils à maman. Puis adolescent, il n’y a pas eu de grands changements mis à part que je m’enfermais davantage dans mon cocon avec quelques amis par-ci, par-là. Je fréquentais également l’Atelier Pierre Poivre et quelques amis du Collège de La Confiance. Le reste n’existait pas !
Avec autant de « qualités », est ce que cela a été facile pour vous d’embrasser une carrière de comédien/humoriste ?
Ben oui, facile ! (d’un ton sûr de lui). Je plaisante bien sûr !
J’ai dû apprendre à connaître et comprendre les autres. Mais surtout, je devais me dire que ce n’est pas aux autres de me comprendre ou de faire l’effort d’apprécier ma personne. Tout de même, au fur et à mesure que j’avançais dans ma carrière, j’ai aussi compris que je ne pouvais faire plaisir à tout le monde et que c’était tant mieux ainsi.
Était-ce si difficile de passer ce cap ?
Je ne dirai pas que c’était dur mais il y a eu du travail. J’ai dû faire un travail sur moi-même pour me rapprocher de mon public. Ça a pris le temps que cela devait prendre. Au final, je me dis que cela faisait partie de mon apprentissage, de mon évolution. Aujourd’hui, après toutes ces années d’expérience et avec plus de maturité, ça se passe beaucoup mieux.
Décrivez-vous en trois mots…
(Après quelques secondes de réflexion, à voix basse) « Ayo », c’est bien trop négatif ce que j’allais dire ! En trois mots, je dirai déterminé, aventureux et décontracté.
Avez-vous déjà lancé une recherche en tapant votre nom sur Google ?
Bien sûr, bien sûr que oui ! (Rires).
Et alors ? Plutôt satisfait, déçu, content, fâché ou surpris des résultats ?
Bon, c’est vrai que les premiers résultats qui apparaissent sont issus d’articles de journaux que je connais déjà. Mais j’ai aussi été surpris de constater que certaines personnes publiaient mes sketchs sur leurs profils sans afficher le nom de l’artiste. Je suis également tombé sur des sketchs réalisés par d’autres comédiens, dans lesquels je retrouve mes blagues, mes vannes…Pour être honnête, tout ça me fait vraiment plaisir.
Un peu plus bas sur la page des résultats, nous retrouvons la page « Movies » …
C’est vrai ! C’est une autre surprise. Je dois avouer que je ne sais pas qui a créé mon compte IMDB en y ajoutant une petite biographie et le nom de quelques films dans lesquels j’ai joué. Je remercie cette ou ces personnes au passage. D’autant plus que ça me rend super fier de voir autant d’intérêt à mon égard. Je dois définitivement actualiser cette page qui agit comme un CV en ligne principalement lorsque des réalisateurs cherchent à se renseigner sur mon parcours professionnel. Et aussi mettre à jour la filmographie. J’ai eu la chance de jouer dans beaucoup d’autres films internationaux et pièces de théâtre.
En parlant de performances internationales, racontez-nous l’expérience Resort to Love, que les Mauriciens ont eu l’occasion de visionner sur Netflix…
Tout d’abord, c’était la première fois que je faisais partie d’un projet à gros budget en tant que « secondary cast » et non comme figurant. Resort to Love a été une belle expérience humaine. C’était juste génialissime ! Tous les acteurs, sans exception, ainsi que les producteurs se côtoyaient et étaient traités comme des petits princes. Nous étions aussi bien payés (rires). Le plus sympa comme expérience, c’est qu’il n’y avait pas de distinction entre les « main & secondary cast », Nous nous retrouvions tous pour manger, discuter, danser. Nous avons passé de très beaux moments ensemble. En ce qui concerne l’actrice et chanteuse américaine Christina Milian et son époux le chanteur français Matt Pokora, ce sont des stars vraiment accessibles et d’une grande gentillesse. Ils n’avaient pas l’attitude de stars.
Votre opinion sur le métier de comédien et d’humoriste à Maurice ?
Définitivement, il y a énormément de talents à Maurice. Ce que je trouve dommage toutefois, c’est que certains choisissent de tomber dans la facilité en copiant ce que font leurs confrères. Zot asiz lor kreasyon lezot dimounn. Le drame c’est qu’ils ne trouvent aucun mal à ce qu’ils font.
Qu’est-ce qui vous énerve le plus chez vos confrères ?
Ça m’énerve de voir des « artistes » traiter leur public comme de la «…» en refusant de faire une photo ou en répondant mal. Il y a aussi ceux qui prennent vite la grosse tête et regardent leurs « fans » d’en haut. Ils se considèrent comme des stars et zot lipie aret touss later kan zot marse. Je ne comprends pas cette folie de grandeur.
Retournons à vos débuts à la radio…
Après des études en acting en Angleterre, je suis rentré à Maurice pour deux mois de vacances… des vacances qui ont duré plus de 20 ans puisque je ne suis jamais reparti. Au bout d’un moment, je me suis dit que je dois travailler, gagner ma vie, C’est ma maman qui m’a alors encouragé à postuler comme animateur à Top FM à l’époque. Bien qu’à ce moment-là j’étais très curieux de découvrir cet univers, je ne m’imaginais pas faire carrière à la radio. Après 6 ans à Top FM, j’ai poursuivi ma carrière à la MBC pendant 7 ans pour la terminer ici à Radio One au bout de 7 années de service.
Vous tirez donc un trait sur la radio au bout de 20 ans de carrière ?
Il est temps pour moi de découvrir de nouveaux horizons, de me lancer de nouveaux défis et de tester d’autres sols.
D’autres sols ? Devrions-nous comprendre que vous quittez Maurice ?
Je ne dirai pas que l’herbe est plus verte ailleurs, mais au moins j’aurai essayé. If I fail, mo pou retourn lacaz mama. Je ne veux pas me retrouver dans quelques années à me dire « et si… »
Quels seront vos projets à l’étranger ?
Je vous réserve la surprise. Je peux déjà vous dire que ce sera un changement professionnel drastique. Je ne vais pas m’effacer complètement. Je vais garder « enn ti ortey dan Moris » et je reviendrai pour partager et faire profiter mon expérience aux autres.
Comment voyez-vous Christophe St-Lambert quelques années ?
Mon plus grand rêve serait de vivre de l’humour sans avoir à me soucier de l’argent, d’écrire mes textes et de créer des shows dans l’unique but de divertir et de faire plaisir aux gens et ne plus avoir à considérer les différents paramètres financiers lorsque je fais mon boulot.